INSPIRATION
C’est pendant le confinement de mars 2020 que l’association Les Croqueurs de Pavés rencontre Aurélie Charrier, chargée de mission DLA dans le Loiret. L’association existe depuis près de 16 ans et est affiliée à la FFEC (Fédération Française des Ecoles de Cirque). Dans ce contexte très particulier, l’association cherchait à se renseigner sur les aides existantes. Aurélie Charrier les oriente et les appuie dans leurs démarches, notamment via le Dispositif de Secours ESS (DSESS) et leur présente dans un second temps le Dispositif Local d’Accompagnement (DLA) : "Nous avons été en contact avec les Croqueurs de Pavés lors du premier confinement, au moment de la mise en oeuvre des dispositifs d’urgence ESS. La Ligue de l’Enseignement a facilité la mise en lien et l’appui que nous avons pu apporter à l’association, qui ne pensait pas être éligible aux aides. Cela a permis d’établir un véritable lien de confiance. Nous avons découvert une association très attachée aux valeurs de l’éducation populaire et qui illustre dans ses projets la devise de sa fédération « Le cirque est un art, il s’enseigne dans le respect de la personne »".
« On était arrivés à un stade où on était trop grand pour tenir dans le vêtement dans lequel on était, mais encore trop petit pour en prendre un plus grand. » Christiane Morel, trésorière de l’association.
Au-delà du premier besoin d’accès aux aides et aux ressources spécifiques à la crise, les responsables de l’association se tournent vers le DLA pour être accompagnés dans leur réflexion stratégique.
ACCOMPAGNEMENT
Aurélie Charrier a premièrement réalisé un diagnostic avec l’association, étudiant les points forts et les points faibles de la structure, en tenant compte du positionnement de l’association sur son territoire. Pour la chargée de mission DLA, le travail du diagnostic partagé a permis à l’association de prendre conscience de son fort potentiel mais aussi de sa fragilité structurelle. Elle a aussi découvert qu’elle pouvait s’appuyer sur tout un écosystème de l’accompagnement.
« Prendre du recul sur ce que l’on fait soi-même, c’est compliqué » , raconte Elisa Brouchot, professeure de l’école de cirque, et seule salariée de l’association.« C’est utile d’avoir un regard extérieur et objectif ».
Aurélie Charrier et les membres de l’association ont ensuite sélectionné les deux prestataires qui les ont appuyés dans cette démarche, dont une ancienne circassienne spécialisée dans la gestion et le développement d’activités. « On a senti qu’elle pourrait comprendre notre situation en tant qu’école de cirque. Le cirque étant encore perçu par la majorité des gens et des instances, non comme une discipline artistique mais un divertissement, il y a un problème de reconnaissance qui est énorme », raconte Elisa Brouchot.
Pendant un mois et demi (8 demi-journées d’accompagnement), les deux consultantes ont effectué un travail conséquent avec les membres de l’association : elles les ont appuyés dans la consolidation de leur modèle économique et le renforcement de leurs partenariats, mettant en place un plan de développement prévisionnel. Un autre point essentiel a été de revoir la stratégie de communication de l’association, vis-à-vis du grand public pour leurs événements, et des adhérents pour les fidéliser et les rendre plus actifs dans la vie de l’association et de l’école de cirque : cela a mené à la refonte de leur site internet et de leurs méthodes de communication, en les structurant pour gagner en efficacité.
Gabrielle Pothin, la consultante, revient sur cet accompagnement : "J’ai découvert les Croqueurs de Pavés et leurs enjeux dans un contexte post-covid. Ils avaient des enjeux d’avenir très intéressants mais des difficultés à se projeter sans le soutien des partenaires territoriaux. Cela a donc été l’occasion de creuser la question de la relation aux partenaires, d’identifier les liens qui existaient déjà et ceux qui étaient à construire. A l’échelon local, certains partenaires, pourtant fortement concernés par les enjeux liés à l’implantation de l’école et à son travail de territoire, n’avaient pas encore eu l’occasion d’échanger ensemble."
Cette capacité à mieux se valoriser, savoir chiffrer leurs actions et estimer leurs besoins leur a aussi été utile dans leur démarche de changement de lieu. L’association est depuis des années sur un site sous-dimensionné ne lui permettant pas de développer ses actions de façon optimale. Ainsi, ses membres ont pu rédiger un dossier solide en termes de besoins et de pilotage financier, ce qui leur a permis d’échanger sur des bases concrètes avec les différents partenaires concernés. « Elle [la prestataire DLA] a fait le trait d’union pour que l’on puisse […] comprendre comment s’adresser à eux pour véhiculer nos idées de manière à ce qu’eux comprennent ».
C’est aussi durant cette période que l’association a pu renouveler sa gouvernance. Le président de l’époque avait émis le souhait de démissionner depuis quelques temps et, « c’est en partie grâce au DLA et aux perspectives d’avenir que ça nous ouvrait que l’on a pu trouver un autre président », précise Christiane Morel. Grâce à la solidité du dossier construit, des points forts mis en avant et des perspectives d’avenir, un nouveau président a été élu, dans un climat rassurant et enthousiaste.
UNE RESTITUTION PUBLIQUE DE L’ACCOMPAGNEMENT DLA
En concertation avec la chargée de mission DLA, la consultante a proposé une restitution publique de l’accompagnement DLA, dédiée aux partenaires dont un certain nombre ont répondu présent (Relais Culture et Santé DRAC, Ligue de l’Enseignement, représentant.es de la ville, de l’agglomération, du département et de la région, Fédération des Écoles de Cirque...). L’association a donc pu mettre en récit son projet et en présenter les axes de développement. Les partenaires se sont mobilisés et ont montré un réel intérêt pour les enjeux rencontrés par les Croqueurs de Pavés. Certains partenaires-clés ont souhaité inscrire dans le long terme cette démarche de suivi partagé et d’échanges.
Pour Aurélie Charrier, l’accompagnement, depuis les premiers échanges avec le DLA jusqu’à la restitution publique organisée par les consultantes a permis à l’association de reprendre confiance, d’être fière de ses projets et d’être confortée dans sa légitimité à être force de proposition auprès des partenaires publics.
PERSPECTIVES
Pour Aurélie Charrier, l’enjeu pour l’association sera de pouvoir maintenir l’équilibre entre la gestion quotidienne de son modèle économique et le développement d’un projet ambitieux ayant vocation à devenir un véritable projet de territoire.
Gabrielle Pothin encourage également l’association à poursuivre sur sa lancée : « Pour les Croqueurs de Pavés, l’un des enjeux à présent est de continuer d’entretenir ces relations partenariales collectives car tout dépendra de la poursuite des échanges et de ce qui pourra se tisser entre l’association et ses partenaires. C’est un véritable changement de culture pour cette association qui a toujours revendiqué son indépendance de projet et son identité. »
Elle souligne également la qualité des liens avec la chargée de mission DLA. D’une part, le diagnostic partagé a été très important pour défricher la situation et la compréhension des besoins et d’autre part, la disponibilité de la chargée de mission pour échanger tout au long de l’accompagnement a été très précieux.
L’accompagnement DLA a aussi participé à relancer un élan positif chez les Croqueurs de Pavés, les amenant à prendre conscience de la richesse du travail qu’ils menaient. « [Cela nous a permis de] prendre la mesure de la qualité de notre travail, et du fait que l’on mérite d’insister [pour trouver des partenariats] ». Les membres de l’association ont pris conscience de la richesse de leurs actions, et assurent maintenant savoir mieux les valoriser auprès de leurs interlocuteurs.
« On avait vraiment cette sensation d’être totalement comprises, face à des gens qui avaient les pieds sur Terre, ne nous demandaient pas de gravir des montagnes mais simplement de faire ce que l’on était capables de faire et que l’on n’avait pas fait jusqu’à présent, soit parce qu’on ne savait pas comment s’y prendre, soit parce qu’on ne se sentait pas légitimes de le faire. […] Il fallait juste savoir comment s’y prendre ».
« Ce qui est intéressant dans le DLA est que l’on arrive à faire passer ce que l’on est, ce que l’on a envie de devenir, et on est aidés à le développer », déclare Elisa Brouchot. « Il ne faut pas hésiter, car ça ne peut que faire évoluer, ça peut bousculer un petit peu effectivement, mais c’est aussi de ça qu’on a besoin pour avancer », conclue Christiane Morel.