« Combats et contributions des acteurs artistiques : des musiques actuelles à l’Union fédérale d’intervention des structures culturelles », par Philippe Berthelot, chapitre extrait de l’ouvrage de Jean-Louis Laville et Anne Salmon, Associations et Action publique, Éditions Desclée de Brouwer, sept 2015.
Avec les très aimables autorisations des éditeurs, des directeurs de la publication ainsi que de l’auteur.
Philippe Berthelot, aujourd’hui président d’honneur de l’Ufisc, revient ici sur les combats des acteurs artistiques et culturels, le plus souvent associatifs, pour parvenir à la reconnaissance de leurs actions et d’un autre mode d’entreprendre dans la culture par les pouvoirs publics et les espaces professionnels structurés. Il décrit ainsi la longue marche des acteurs associatifs qui se frayent un chemin singulier, dans une filière organisée de façon clivée et normative entre le public d’un côté et le privé lucratif de l’autre, pour la défense des droits culturels et de l’économie solidaire, entre non-lucrativité, entrepreneuriat collectif et services d’utilité sociale et d’intérêt général.
L’exemple des musiques actuelles est particulièrement intéressant à cet égard. De l’autorisation d’obtenir la licence d’entrepreneur de spectacle pour les associations (seulement en 1992 alors qu’elle existait depuis 1945) à la création d’une union pluridisciplinaire (l’Ufisc) en 1999 et d’un syndicat (le SMA) en 2005, siégeant depuis dans les instances paritaires et professionnelles (bureau du Conseil national des professions du spectacle, Caisse des congés spectacles, Centre national du jazz et des variétés…), c’est un long processus de reconnaissance qui est ici détaillé par l’auteur, anciennement directeur de la fédération des lieux de musiques actuelles (Fédurok puis Fédélima) et président de l’Ufisc. Cette reconnaissance professionnelle s’illustre notamment dans le résultat obtenu aux élections prud’hommales en 2008, avec un score des employeurs de l’économie sociale et solidaire qui passa de 11 à presque 20 %. Reconnaissance professionnelle certes, mais toujours en se revendiquant et s’inscrivant dans un autre mode de faire économique et politique.
Et l’auteur de conclure que « ces succès alimentent l’idée que des voies alternatives sont possibles. »
Le lecteur découvre ainsi comment les associations sont aptes à reconfigurer l’action publique, en participant à la co-construction des politiques publiques. Décrivant « de nouvelles approches sur le rôle des associations en démocratie », l’ouvrage dont est tiré ce texte s’appuie au-delà des acteurs culturels sur « une diversité de cas en France et à l’étranger pour décrire ces processus et ces méthodes de co-construction des politiques publiques obtenus à l’initiative des acteurs associatifs de l’économie solidaire. »
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