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Banques culturelles au Mali

Préserver le patrimoine tout en développant le micro-crédit, telle est la formule de ces sortes d’écomusées solidaires qui se développent depuis une dizaine d’années en afrique subsaharienne.

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Pour lutter contre le pillage des sites archéologiques et le trafic des objets (sculptures, masques, poteries, costumes, outils, etc.) qui constituent les biens culturels communs de leur territoire, des professionnels du patrimoine et des communautés villageoises du Mali, soutenus par la Banque Mondiale, ont conçu un concept original, celui des « banques culturelles ».

Il s’agit d’un petit musée où sont exposés des objets déposés par les habitants. En échange, la « banque » prête de l’argent aux villageois dépositaires, qui restent propriétaires de leur objet, afin qu’ils puissent développer des projets économiques. Ce système de micro-crédit avec prêt sur gages est un moyen de lutter contre la pauvreté en soutenant les démarches de création d’activité.

La banque culturelle se donne également des missions complémentaires, bien expliquées par le « guide des banques culturelles » [1] : « (C’est aussi) un centre de formation et de la culture qui se présente sous la forme d’un espace à l’intérieur du musée et sert de lieu de rencontre pour la poursuite des activités socioculturelles et économiques des populations rurales. Il sert aussi d’espace de rencontre pour la diversification de la production artisanale et l’amélioration de la qualité des produits. Cet espace permet l’organisation d’ateliers de formation et de perfectionnement pour les artisans locaux. Le programme comprend des éléments purement techniques mais aussi des principes de gestion d’une microentreprise et des sessions d’alphabétisation fonctionnelle. »

Si la première banque culturelle est née en 1993 à Fombori au Mali sur une initiative de groupes de femmes [2], le concept s’est étendu progressivement à d’autres villages puis d’autres pays.

En 2013, les ambassades de France au Mali, au Bénin et au Togo, l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA) se réunissaient avec PlaNet Finances pour mener une réflexion sur le rôle du microcrédit dans la stratégie de développement et de consolidation des banques culturelles.
Ces partenaires confirmaient, dans ce cadre, que les banques culturelles « mobilisent les communautés locales autour de la protection et de la valorisation de leur patrimoine culturel, participent à leur développement économique et contribuent à préserver la cohésion sociale. »



MAJ - décembre 2014


[1Ce guide a été élaboré par l’équipe de la Banque culturelle du Mali dans le cadre du projet Banque Culturelle du Mali, une initiative soutenue par le Fonds de Prévoyance du Président de la Banque Mondiale, avec l’appui technique de l’institut de la Banque Mondiale

[2Un article sur le site d’Africultures présente ainsi l’origine : « Tout commence en 1993 quand Aïssata Ongoïba, présidente d’un des deux groupements de femmes du village de Fombori, voyage au cœur du Pays Dogon. Pendant son séjour, elle visite dans le village de Songho, une exposition et une foire artisanales organisées par les femmes à l’intention des touristes de passage. Aïssata est très impressionnée par l’impact de cette exposition sur les visiteurs, et étonnée par les revenus de la vente des objets artisanaux dogons. De retour à Fombori, elle convainc les femmes de son groupement d’organiser des expositions semblables au centre féminin de Fombori. Plus tard, d’autres personnes s’y intéressent également. Les villageois construisent un bâtiment dédié à ces expositions. »